Tome 18 n°1 - 2013


[Editorial] L’anesthésie pédiatrique en Afrique noire francophone : quelle pratique ?

Plaidoyer pour une prise en charge multidisciplinaire des parturientes au (...)

Morbidités obstétricales graves en réanimation à l’hôpital universitaire (...)

Facteurs de mortalité des accidents vasculaires cérébraux au CHU de Brazzaville

Anesthésie pédiatrique en milieu africain : expérience d’un hôpital (...)

Prise en charge des brûlures graves à Abidjan (Côte d’Ivoire)

Le bloc du plan abdominal transverse (TAP block) : étude prospective chez (...)

Délais de prise en charge anesthésique des urgences gynéco-obstétricales (...)

Prise en charge du choc septique en réanimation chirurgicale au CHU (...)

Activités anesthésiques à la clinique médico-chirurgicale et de (...)

Réanimation néonatale à la maternité de l’hôpital de base de Talangaï à (...)

Envenimations par morsure de serpent dans la région de Bouaké en Côte d’Ivoire

Les urgences pédiatriques du service de pédiatrie de l’hôpital de zone (...)

Plaidoyer pour une prescription préopératoire de sang rationalisée en (...)

Quelle chance diagnostique aux gestantes porteuses d’un placenta accreta ? (...)

Eclampsie retardée : à propos d’un cas observé dans le service de (...)

Le syndrome thoracique aigu : une complication redoutable des suites de (...)

Fistule oeso-pleurale au cours d’une intubation oro-trachéale en (...)

Corps étranger laryngo-trachéal : une urgence ventilatoire à propos d’un (...)

L’anesthésie pédiatrique en Afrique noire francophone : quelle pratique ?

octobre 2013, par Brouh Y

Dans chaque numéro de la Revue Africaine d’Anesthésiologie et de Médecine d’Urgence (RAMUR), nous lisons au moins un article qui porte sur l’anesthésie et la réanimation pédiatrique. Nous pouvons ainsi citer ;
 Dans le tome 16 n° 1-2011, l’article du Docteur Otiobanda qui décrivait la pratique de l’anesthésie pédiatrique à Brazzaville [1]
 Dans le tome 17 n°1-2012, l’article du Docteur Ayé. qui décrivait la consultation pré-anesthésique en chirurgie pédiatrique dans un hôpital d’adulte [2]
 Tomta K [3] dans sa description de la pratique de l’anesthésie au Togo faisait allusion aux 10,70% d’actes anesthésiques qui portaient sur des enfants de moins de 15 ans
 Dans ce numéro-ci, Essola [4] décrit l’anesthésie pédiatrique en milieu africain dans un hôpital Gabonais à vocation adulte. Cet article relate la réalité du terrain, c’est-à-dire pratiquer l’anesthésie et la réanimation des enfants dans un environnement adulte
 De même, N’dinga [5] décrit la pratique de la réanimation néonatale dans le même contexte.

De ces articles nous retenons que quel que soit le pays d’Afrique noire francophone, cette pratique se déroule dans un « environnement adulte ». Aucun de nos pays ou presque ne dispose d’un hôpital et ou de service conçus spécifiquement pour les enfants. Cette spécialité est ainsi pratiquée dans des services dédiés aux adultes, avec du personnel (médical et paramédical) qui travaille à la fois sur des enfants et des adultes.

Dans les blocs opératoires, une ou plusieurs salles sont souvent réservées aux enfants mais le personnel n’est que rarement affecté à ceux-ci.
En réanimation, comme si l’on s’était passé le mot, les enfants sont hospitalisés dans les mêmes salles que les adultes ; obligeant ainsi le personnel à prendre en charge à la fois des adultes et des enfants. Alors qu’il est admis depuis longtemps déjà que l’anesthésie et la réanimation pédiatrique constituent une spécialité bien à part. Les deux types de patients n’ayant pas les mêmes exigences, les pathologies prises en charge n’étant pas les mêmes. Enfin l’environnement et les règles de soins étant différents.

Une courte enquête à travers nos pays nous donne la preuve de cette pratique qui ne parait pas logique.

Au Togo, sur 7.000.000 d’habitants, on dénombre 37,38% d’enfants de moins de 15 ans. La mortalité infantile y est de 51,48‰. Il n’y a aucun hôpital d’enfants, pourtant l’anesthésie pédiatrique y est quotidiennement pratiquée. Ceci, dans un bloc opératoire dédié aux adultes. Une équipe non spécialisée est affectée à cette tâche. Au total 36,36 % des activités portent sur des enfants et toutes les techniques anesthésiques y sont pratiquées

En Côte d’Ivoire, sur 23.202.000 habitants, on dénombre 39,8% d’enfants de moins de 15 ans, la mortalité infantile y est de 63,2‰. Il n’existe aucun hôpital d’enfants. Une pratique d’anesthésie pédiatrique y existe dans des blocs opératoires destinés aux adultes où des salles sont réservées à cet usage. L’équipe d’anesthésie est dirigée par des médecins anesthésistes spécialisés en pédiatrie et des infirmiers anesthésistes non spécifiquement formés à la tâche.

Dans les blocs opératoires, 14,23 % des activités portent sur des enfants. Toutes les techniques anesthésiques y sont réalisées.

Au Gabon, sur 1.500.000 habitants, 41 % ont moins de 15 ans. La mortalité infantile y est de 65‰. Il n’y a plus d’hôpital d’enfants et l’anesthésie pédiatrique y est régulièrement pratiquée dans des salles dédiées aux enfants par une équipe non spécialisée affectée à cette activité. Dans les blocs opératoires, 15,09% des activités portent sur des enfants et toutes les techniques anesthésiques y sont pratiquées.
En République Démocratique du Congo (RDC), sur les 69.781.411 habitants, la population d’enfants n’est pas précisée. La mortalité infantile est évaluée à 158‰. Dans ce pays, bien qu’il y est un hôpital et un bloc opératoire d’enfants ; il n’y a pas le personnel spécialisé en anesthésie pédiatrique. En dehors de l’anesthésie locorégionale périphérique, toutes les autres techniques y sont régulièrement pratiquées.

Ces résultats montrent bien une proportion importante d’enfants dans la population et pourraient justifier qu’ils soient pris en charge de façon spécifique si l’on veut contribuer efficacement à la réduction de la mortalité infantile déjà trop élevée.

Avant de conclure, quelques questions méritent d’être posées
 Pourquoi l’anesthésie et la réanimation pédiatrique ne sont-elles pas pratiquées comme une spécialité dans un environnement où la pédiatrie médicale et la chirurgie pédiatrique connaissent un développement remarquable ?
 N’a-t-on pas assez de places dans nos services ou hôpitaux pour isoler les enfants avec un personnel affecté à cette tâche ?
 N’a-t-on pas assez de matériel pour accomplir la mission ?

Une analyse rapide révèle en général que nous vivons simplement un problème d’organisation et de répartition des tâches.
S’il est vrai que nous connaissons des fortunes diverses, nous devons admettre que la pratique de cette spécialité doit être organisée autrement. A défaut d’hôpitaux d’enfants, pourquoi ne pas, dans nos services respectifs identifier des locaux, des lits, du matériel et surtout du personnel rien que pour les enfants. Ce serait un début. Nos résultats s’en trouveraient sûrement améliorés.
Il est évident que nous devons agir, alors décidons et agissons pour l’anesthésie et la réanimation pédiatrique en Afrique noire francophone.

Références

  1. Otiobanda G F, Manhoungou-Guimbe K C, Odzebe A W S, Mbouto Mandavo C, Ekouba Bowassa G, Kangni-Freitas Pratique de l’anesthésie pédiatrique au centre hospitalier et universitaire de Brazzaville Rev Afr Anesth Méde Urg. 2011 ; 16 : 3-6
  2. Ayé Y D, Yayo-Ayé M, Babo C, Bouh J, Yéo T L P, Soro L, Amonkou A. La consultation pré anesthésique en chirurgie pédiatrique au CHU de Yopougon : quelles information pertinentes retenir ? Rev Afr Anesth Méd Urg. 2013 ; 17 :30-36
  3. Tomta K, Mouzou T, Sama H, Chobli M, Ahouangbévi S. Pratique anesthésique au Togo. Rev Afr Anesth Méde Urg. 2012 ; 17 : 16-24.
  4. Essola L, Sima Zué A, Obame R, Ngomas J F, Kamel G, Bouanga M C. Anesthésie pédiatrique en milieu africain : expérience d’un hôpital gabonais à vocation adulte. Rev Afr Anesth Méde Urg. 2013 ; 18 : 37-43
  5. Ndinga H G, Akobande E N, Ekouya G, Ellenga Mbolla B, Angouono M. Réanimation néonatale à la maternité de l’hôpital de base de Talangaï à Brazzaville (Congo). Rev Afr Anesth Méde Urg. 2011 ; 16 : 3-6

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